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mardi 5 mars 2013

Coopérative maritime. Retour sur un naufrage

Le courriel est arrivé dans ma boîte. Il provient d'un lecteur assidu des Sardines en folie. Il m'exhorte à aborder le dossier de la liquidation de la coopérative maritime et le licenciement des personnels qui a été prononcé ce lundi 4 février. Alors, pourquoi au final ne pas en avoir parlé ? - Maj. 09.03.2013 à 18h40



"Aurais-je mal lu ? je ne vois aucun article sur la coop qui, quoi qu'on puisse en penser, est une catastrophe pour le Rosmeur , pour le monde des marins et un drame pour les employés. Que vont devenir ces gens qui, s'ils ont dépassés la quarantaine, vont rester au pôle emploi, car si l'exécutif  veut repousser l'âge de départ à la retraite, ces employés risquent d'avoir du mal à retrouver un emploi.
Autre conséquence : comment les navires vont faire leur plein ? Ne risquent-ils pas d'aller au Guilvinec ?
Douarnenez perd des emplois d'année en année, les jeunes s'en vont car pas de travail et de la précarité.
Je pense que le sujet est d'importance, c'est à vous d'en juger.
Bien cordialement
DRAGON 29100"

Quand c'est flou, c'est qu'il y a un loup ?
Oui, c'est un dossier complexe à aborder, tant les évènements ont été nombreux, parfois contradictoires et manquent de visibilité. Le dossier était-il scellé depuis le mois d'août 2012 avec le projet de fusion/absorption? Est-ce le manque d'explications préalables, notamment avec les salariés, qui à conduit au naufrage de la coopérative maritime ?  Pourquoi le Crédit Maritime a-t-il lâché l'affaire ? Quelle responsabilité peut-on imputer aux élus et partenaires locaux dans cette descente aux enfers ?

Premier volet : essayons d'abord d'y voir plus clair en retraçant la chronologie des événements.

Septembre-octobre 2012, le ciel se couvre…
En fait, c'est en août que les passagers du train de la coop auraient ressenti les premières secousses. En cause, un courrier faisant le point sur la fusion/absorption de coopérative Abeille de Douarnenez par la coopérative Iroise de Camaret-Audierne d'ici à la fin de l'année. Il n'y aurait pas eu d'échanges préalables sur le dossier entre Gérard Chazal et le personnel. Ce que l'on sait à l'époque est qu'aucun d'entre-eux ne serait menacé, à l'exception de la directrice. Françoise-Gabrielle Thomas fera l'objet d'une mise à pied et d'une saisie conservatoire pour faute grave le 17 septembre. On ne connaît toujours pas officiellement le motif de cette sanction.

A la suite de cette mise à pied mais aussi de l'apparition de la possible fusion, les salariés entraient dans la phase de contestation. Ils débrayent une première fois le 18 septembre. Déjà suivis et conseillés par Christian Tessier (avocat à la retraite), les salariés indiquaient ne pas être contre le rapprochement, à condition que tous les emplois soient sauvegardé. Ils affirment à l'époque : "il nous est revenu par des personnes qui travaillent dans d'autres sociétés comme nous que le repreneur trancherait dans le lard". (Le Télégramme – 18/09/2012). Ce moment marquait une étape supplémentaire dans la crispation. 

Dans la foulée, les deux présidents de coopérative (L'Abeille et L'Iroise) indiquaient dans un communiqué commun que le but était de "pérenniser l'exploitation d'une coopérative auprès des professionnels sur le port de Douarnenez". Ils précisaient qu'il n'y avait aucune menace sur l'emploi. Le samedi 13 octobre, Gérard Chazal démissionnait. Jean Le Bourhis était élu en remplacement ce même jour par le conseil d'administration de la coop à Douarnenez.

Une présidence qui aura été pour le moins éphémère : deux semaines. Le vendredi 27 octobre, le tribunal de commerce de Quimper nommait alors un administrateur "ad hoc" pour la coopé. Il le sera par la suite pour les deux autres sociétés détenues par la coop l'Abeille. A maître Alain Géniteau de tout mettre en œuvre pour débloquer la situation. Quelques jours auparavant, la Sobad avait fermé les vannes de l'avitaillement des bateaux en gasoil, faute de paiement par la coop. La Sobad assurait le service, hors week-end, par camion-citerne (entre le 16 octobre et le 28 novembre). 

Février, mois sombre
Et de deux ! Nous sommes en février. Cette fois, ce sont 246 mille euros d'impayés en carburant qui provoquent définitivement le blocage de l'approvisionnement. Jean-Loup Thivet, directeur général de la Sobad indique ne pas vouloir mettre son entreprise en danger. Le problème reste entier. La coop n'est pas en mesure de rassurer son fournisseur. C'est aussi au tour du Crédit Maritime d'entrer en jeu. La banque ne voulait visiblement plus assurer et garantir des facilités de caisse à la coop.  Jean-Loup Thivet est dans l'incertitude. Philippe Paul s'était entretenu avec Patrick Dufour, directeur général du Crédit Maritime Bretagne Normandie le 8 février. Rien n'avait alors filtré de la discussion.

Du côté de la CFDT qui s'est affichée aux côtés des salariés de la coopé depuis le début de la crise, les tergiversations et propos des uns et des autres commencent à agacer fermement. La coupe était pleine. Henri Kérisit, secrétaire de l'Union locale du syndicat lâchait : "On se demande ce que pourrait bien cacher une éventuelle mise en liquidation de la Coopérative maritime de Douarnenez et qui elle arrangerait". Il ajoutait : "Comme si, finalement, il serait peut-être préférable de donner un grand coup d'éponge sur toute l'histoire et le passé de la coopérative ". (Le Télégramme – 21.02.2013). Bruno Claquin était alors sur la même ligne : "La coopérative a été victime de mauvais payeurs, d'armateurs véreux qui ont plombé sa trésorerie. Un seul armement lui doit 230 000 €, un autre 100 000 € ! Pourquoi n'a-t-on pas exigé le paiement de ces dettes ?" (Ouest France – 26.02.2013)

Le vendredi 22 février, le tribunal de commerce prononce la liquidation judiciaire. Maître Alain Géniteau n'est pas arrivé à ses fins et n'a pas trouvé d'issue aux blocages qui ont émaillé le parcours du dossier et ce même si l'opportunité d'une fusion/absorption par la Coopérative de l'Iroise courait toujours. Le tribunal ne pouvait que constater l'impossibilité de redresser la barre et suivre les recommandations déposées la veille par l'administrateur. Un liquidateur est nommé. 

Le lundi 25 à 10h, la messe était dite et le rideau tombait. Le mardi 26, le liquidateur, Nicole Elleouet indiquait recevoir les sept salariés en poste à son bureau la semaine suivante pour un entretien préalable de licenciement. Licenciement qui sera effectif sous un mois. 

Et maintenant ?

Thomas Rocher.

Le Comptoir de la mer à Douarnenez n'est plus qu'un souvenir. Même sur internet. 404.



2 commentaires:

  1. en final pour une gestion pour une histoire de dette de certains armements , la peur du crédit maritime . on fiche des gens à la porte ce qui en soit est révoltant , et on met une jambe de bois au Rosmeur .
    Bon courage aux ex employés (es)
    Mais hollande a annoncé hier qu'un chômeur de resterait pas deux mois sans formation et après cette formation il se passe quoi ???

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  2. Comment se fait-il que des armements aient pu avoir 100 000 et 230 000 € de crédit auprès de la Coop Mar. Ca fait quand même quelques litres de fuel non ? Un fournisseur a le devoir de ne pas mettre sa boîte et ses salariés en danger avec de tels passifs. Qui en est responsable ? Y a-t-il eu des erreurs de gestion ? A qui profite cette fermeture ?
    Et Gérard Chazal il présidait quoi ? la faillite ? Il n'a rien vu venir avant de vouloir refiler le bébé à la Coop Camaret-Audierne ?
    Beaucoup de choses ne sont pas claires dans toute cette affaire, mais à l'arrivée ce sont les salariés qui sont sur le carreau et ça c'est inadmissible !
    Douarnenez a besoin d'une coop-maritime, tant pour les professionnels, que pour les plaisanciers et les touristes. On va se retrouver la seule ville côtière du Finistère et sans doute de Bretagne sans cet outil indispensable. Il est des singularités dont DZ pour une fois pourrait se passer !
    Alors un tour de table réunissant coopérateurs, CCI, banquier, SOBAD, élus dont le maire s'avère urgent et indispensable pour préparer la réouverture dans les meilleurs délais.

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